Les jardins du Castel

Escargòl
Ventre mòl
Sortís la testeta
Sortís las banetas,
Te donarai un grun de sal
Te menarai a l'espital.


Se balançant doucement, le petit être souriait en murmurant cette chanson. Il n'entendait que le son de sa voie, mi enfantine, mi mâle. Il semblait, en plus de sa petite taille s'être arrêté à l'âge où l'enfant n'ose devenir homme. Pourtant, quand il ne souriait pas, il semblait adulte, et quand il riait, il était plus qu'enfant. il ne regardait que ses petits doigts habiles, qui croisaient, recroisaient.
Puis terminant son oeuvre, il la leva au ciel pour l'admirer et fut surpris de croiser le regard d'une dame.


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Escargot
Ventre mou
Sors ta petite tête
Sors tes petites cornes
Je te donnerai un grain de sel
Je t'amènerai à l'hôpital.

Se relevant prestement du haut de ses trois pommes, Komprie vint s'asseoir auprès de la dame.
Doucement, il se mis à taper sur ses cuisses, entrant dans un rythme joyeux.

Quant te costèron, quant te costèron,
Quant te costèron los esclòps?
Quant te costèron, quant te costèron,
Quant te costèron los esclòps?
Quand èran, quand èran,
Quand èran nòus,
Quand èran, quand èran,
Quand èran nòus.

Vous reprenez avec moi? Et puis tapez dans vos mains aussi, ça réchauffe les doigts, et le coeur!

Cinc sòus costèron, cinc sòus costèron
Cinc sòus costèron los esclòps?
Cinc sòus costèron, cinc sòus costèron
Cinc sòus costèron los esclòps?
Quand èran, quand èran,
Quand èran nòus,
Quand èran, quand èran,
Quand èran nòus.

Komprie Souriait, s'il aimait chanter ses comptines enfantines, il aimait qu'elles soient reprises. Ah, si seulement il avait pu acheter ce tambourin...

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Combien t'ont coûté, combien t'ont coûté,
Combien t'ont coûté les sabots ?
Combien t'ont coûté, combien t'ont coûté,
Combien t'ont coûté les sabots ?
Quand ils étaient, quand ils étaient,
Quand ils étaient neufs,
Quand ils étaient, quand ils étaient,
Quand ils étaient neufs.

2 Cinq sous, ils ont coûté, cinq sous ils ont coûté,
Cinq sous ils ont coûté, les sabots.
Cinq sous, ils ont coûté, cinq sous ils ont coûté,
Cinq sous ils ont coûté, les sabots
Quand ils étaient, quand ils étaient,
Quand ils étaient neufs,
Quand ils étaient, quand ils étaient,
Quand ils étaient neufs.

Michel se dirigeait vers les jardins. Quant il y fut arrivé il aperçu Dame Ysilde en conversation avec le Nain Komprie. Comme ils avaient l'air de s'amuser, il n'osa avancer ne voulant point déranger.

Avisant un banc de pierre, il sorti de son pourpoint un petit livre d'heure qu'il aimait a lire. De fait il racontait l'histoire de sa famille et celles de héros du passés. Il avait toujours essayé de s'y conformer.

Ainsi, à l'écart, il laissait le loisir Au Nain comme à la Dame de l'aborder ou de ne point le faire. De plus installé à l'écart il ne pouvait être taxé d'intervenir et de déranger cette charmante discussion.

Michel savait autant être discret à la ville qu'il était fougueux à la guerre

En compagnie de Komprie, Ysilde se dirigeait vers le bassin, lorsqu'elle entendit un bruit de pas. Elle se retourna et aperçut une silhouette assise sur un banc de pierre. Elle s'arrêta un instant, et regarda plus avant. Elle crut reconnaître le chevalier, avec qui elle avait fait connaissance le matin même au château. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

Komprie, regardez ... ne serait-ce pas là le Chevalier avec qui vous parliez ce matin ? Me tromperais-je ?

Elle resta figée, n'osant héler le chevalier .... Elle comptait un peu sur son petit compagnon et ses facéties pour l'attirer jusqu'à elle.

Michel leva le visage de son livre et se vit que Dame Ysilde regardait en sa direction. Voyant que Komprie ne bougeait pas, il se décida de les aborder.

"Dame Ysilde, Messire Komprie, j'avoue être fort aise de vous retrouver icelieu. Le temps est encore superbe et le jardin bien doux après ce randon depuis mes montagnes. Je viens d'envoyer une missive à mon père pour lui signifier que je passerai l'hiver en la citée de Toulouse. De toute façon il est trop tard pour remonter les premières neiges ne tarderons pas et la voie sera coupée jusqu'au printemps"

Ysilde ne cacha pas son plaisir de voir le Chevalier les aborder. Elle remarqua qu'il tenait un livre à la main. Celà lui plut, car elle aimait, elle aussi, beaucoup lire. Cependant, elle n'avait que peu d'occasion d'avoir des ouvrages entre les mains, mais, étant maintenant au service de la Comtesse, elle espérait pouvoir avoir accès à la bibliothèque.

Citation :

Je viens d'envoyer une missive à mon père pour lui signifier que je passerai l'hiver en la citée de Toulouse.

Ah, vous n'êtes donc point d'ici ? Tout comme moi ... je suis née et ai vécu à Albi, jusqu'aujourd'hui. Mais dites-moi, Chevalier, d'où venez-vous donc ? Si bien sûr, vous ne me trouvez pas trop indiscrète ! Mais joignez-vous à nous, et discutons en marchant ... nous nous rendions au bassin, là-bas ...

Michel nota le plaisir évident que Dame Ysilde à le voir se joindre à eux. Komprie lui ne disait mot. Dame Ysilde était alors comme une voisine, son accent le lui avait suggéré mais il en était maintenant sur.

"Dame, nous sommes en quelque sorte voisin car mon père est Seigneur de Lacaune sur le plateau de l'Escandorgue adossé en quelque sorte à la Montanha Négra. Pour venir icelieu je suis d'ailleurs passé par chez vous. La route est plus sure et surtout plus facile que par Castre et Puylaurens.

Le Comte cherche un homme lige et la haut à plus de 2400 pieds d'altitude la neige ne doit point être loin de tomber. Aussi si vous m'en faites la grâce nous aurons jusqu'au printemps pour nous rencontrer.

Ma famille depuis moultes années est au service des Comtes et ceux-ci nous ont offert de privilège de porter sur nos armes le soleil et la lune propres à cette famille.

Mais je parle outrancièrement et ne vous laisse point loisir de vous exprimer."

Vous êtes donc passé par Albi ? J'ose espérer que tout y est tranquille et que vous avez été bien accueilli, si vous y avez fait halte !

Tout en continuant à marcher aux côtés du Chevalier, Ysilde écoutait attentivement ses paroles.

Ainsi, votre famille est depuis fort longtemps au service des Comtes de Tolosa ? Je comprends donc votre venue ici !
Bien entendu, Messire ... nous aurons jusqu'au printemps ... à ce propos, vous plairait-il, de m'accompagner en ville, de temps à autre, lorsque votre charge et la mienne nous en laisseront le loisir, bien entendu ?

Alors qu'ils arrivaient près du bassin, Ysilde se rendit compte que le Nain Komprie s'était éclipsé ou tout simplement caché. Elle n'en fut nullement étonnée, ayant cru comprendre que le petit être aimait à surprendre son monde ...
Avisant, un petit banc, elle invita le Chevalier à s'y asseoir près d'elle.

Vous lisiez tout à l'heure, ce me semble ? Serait-il indiscret de vous demander quel est cet ouvrage ?

Michel appréciait le compagnie d'Ysile, il ne savait rien de sa famille mais la Dame avait fort bonne manières et minois d'ange. De plus elle savait paroler et son intelligence était manifeste, ce qui plaisait à Michel.

"Dame vous me comblez, Je vous accompagnerai soyez en acertainée, il faudrait bien voir qu'un hutin puisse s'en prendre à vous. Pour ce qui est de mon ouvrage c'est un recueil qui cherche à fortifier l'âme du chevalier. Il est composé de textes parlant de Charlemagne et de Roland mais aussi de Perceval et d'autres héros. La deuxième partie est disons, le recueil des faits remarquables de mes ancesseurs.

Je ne sais si cette lecture peut convenir à une Dame de vostre qualité, cependant j'ai en mon bagage deux livres de poésies, l'une franque et l'autre d'auteurs mauresques. ces deux ouvrages sont ma foi remarquables et si vous le souhaitez je vous les donneraient à lire.

Mais au fait Damoiselle je ne connais rien de vous si vous me permettez cette franchise"

C'est avec plaisir que je lirai ces ouvrages, même si je n'ai aucune idée de ce que peuvent écrire ces auteurs mauresques, dont vous me parlez ! D'ailleurs, pardonnez mon ignorance, mais dans quelle contrée vivent ces gens là ?

En avouant son ignorance, Ysilde rougit.

Citation :

Mais au fait Damoiselle je ne connais rien de vous si vous me permettez cette franchise"

Vous savez, il n'est pas grand chose à dire sur ma personne ! Mais, rentrons au château, voulez-vous, et chemin faisant, je vous conterai un peu ma vie ...
La matinée est bien avancée, et je n'aimerais point que la Comtesse me cherche !

Ysilde se leva, jeta un coup d'oeil alentours, mais ne voyant toujours pas Komprie, prit le chemin du retour avec le Chevalier.

Michel voyant Dame Ysilde rougir,

"Pardonnez moi de vous donnez matière à rougir Damoiselle, j'en suis confus. Cependant croyez qu'il n'y a point matière à cela .Sachez que moi même si je n'avais passé les montagnes je n'en saurais rien.
Les Mauresques sont des gens qui généralement croient en un dieu unique mais différent de nous et qui se nomme Allah, son prophète fut Mahomet. Cependant nombre d'entre ceux qui les servent n'ont point cette religion et l'on en trouve d'autres y compris la Chrétienne.
Ils ont décidés que LA religion était La leur et tente de l'imposer au monde. Certes, il faut en convenir leur manière de vivre et leurs savants sont remarquables mais ils ont décidé de nous combattre. Je crains cependant de ne point arrivé vivant au bout de cette lutte qui, à mon sens, ne fait que commencer.

Ils tiennent une grande partie de l'Espagne et également les vastes pays au delà de la mer du Liban à l'Egypte et toutes les vastes terres de Barbarie jusqu'à un océan de sable qui en est la limite, dit-on, au sud.

Les décrire est difficile car vous en verrez des roux aux yeux bleus comme des presque noir aux yeux sombres, ils sont un rassemblement de populations vivant sous la loi d'un même Dieu comme il y a chez nous des Allamands et des Francs comme des espagnols vivant sous celle d'un autre Dieu.

Mais vous disiez qu'il n'y a que peu de chose à dire à votre sujet. Moi je pense qu'il y a, au contraire, beaucoup à dire. Une si Charmante Damoiselle au teint frais comme le printemps ne peut être le fruit du hasard, sa vie sans doute l'explique."

Michel continua de marcher au côté d'Ysilde tout en attendant quelques révélations, ne serait ce que le nom de ses parents et ce qui d'Albi l'avait menée à la cours d'un grand Prince de France dont le domaine s'étendait sous la triple tutelle d'un Empereur et de deux Rois

Michel qui s'attendait à se faire réprimander pour avoir passé plus de temps avec les dames qu'avec les soldats fut rassuré.

"Monseigneur, j'ai fais serment à mon suzerain de le servir avec fougue et honneur, cela sera chose faites. Je ramènerais ces brigands et enverrai ad patres ceux qui prendront les armes contre nous. Je pense n'emmener que des hommes à cheval, y compris des archers. En discutant avec eux j'ai pu m'assurer que certains savent monter.
ls s'amélioreront en chevauchant.

Je pense prendre une vingtaine d'archers et autand de cavaliers bien armés. Si cela agrée à votre Seigneurie nous partirons après demain le temps de préparer le nécessaire et de prévenir les hommes."

Michel écoutait le Comte et comprenait très bien ce que sa mission avait également de diplomatique.

"J'entends bien Monseigneur, de fait vous souhaitez que je frappe la main pour que la tête réfléchisse et sache où se trouve son intérêts

Rassurez vous nous saurons être discret et voyant chaque fois que nécessaire, nous faire applaudir des bourgs afin que ceux-ci voient la force de Monseigneur, qu'ils prennent de la distance avec ceux de vos vassaux qui se montrent par trop indépendants. "