Début de soirée

Messages : 430 Date d'inscription : 29/02/2008 Localisation : Toulouse

La chasse était enfin terminée, le Comte et quelques uns de ses suivants venaient de rentrer il y a peu. Clotaire avait ramené de belles prises dont un grand cerf dont il n'était pas peu fier. Le jeune noble avait rapidement prit goût à cette activité et s'adonnait à la chasse dès qu'il le pouvait, rentrant parfois lorsque la lumière du soleil commençait à décroître.

Ce jour là, il était rentré juste pour l'heure du souper. Il avait donc laissé le soin à quelques serviteurs de rentrer les chevaux et de mener le gibier aux cuisines, puis il avait rejoint la salle à manger où l'attendait son épouse, la Comtesse Blanche de Toulouse. A son entrée, cette dernière se leva, le complimentant sur le fait que la tenue de chasse lui allait à ravir.

Clotaire s'installa en bout de table, sa femme à sa droite. Le Comte s'étonna de manger seul avec son épouse ce jour ci, mais il ne dit mot à ce sujet. A la demande de Blanche, le Comte lui raconta sa partie de chasse, ne manquant pas de mettre en avant ses talents de chasseur.

Messages : 24 Date d'inscription : 08/09/2008 Localisation : Comté de Toulouse

Blanche aimait bien lorsque le moment du repas sonnait, car c'était l'un des rares moment où elle pouvait profiter de la présence de son époux, pour lequel elle avait visiblement plus d'affection qu'il n'en avait pour elle. Elle aimait bien l'entendre lui raconter ses journées, sachant très bien que Clotaire embelissait certains détails afin de se mettre en avant, mais cela la faisait sourire.

Un serviteur entra afin de dresser le couvert devant eux, et aussi pour raviver les bougies qui commençaient à faiblir. Bientôt le repas allait être servie, la Comtesse était toute excitée à l'idée de presenter sa Dame de compagnie et de montrer à son époux qu'elle aussi savait prendre des décisions, même en son absence. En attendant elle l'écoutait parler avec une sincère attention.

Arrivée dans les cuisines, Ysilde regarde les mets préparés pour le dîner des châtelains. Posés sur une longue table en bois, dans des plats en métal argenté (Ysilde ignore s'ils sont en argent véritable), les mets sont nombreux et variés : du lapin aux épices, des pâtés d'agneau, du chevreuil aux cassis, un canard à la sauge, des flans de légumes aux fromages, aux châtaignes, des fèves cuisinées en purée, du pain, des fruits. Quelques carafes d'hypocras rouge sont posées, prêtes à être servies.

Ysilde n'a jamais servi de repas. Elle demande au cuisinier, si elle doit attendre qu'on l'appelle pour servir. Celui-ci la regarde froidement, secoue la tête sans dire un mot, et Ysilde en déduit qu'elle ne doit compter que sur elle.

Elle se saisit donc d'une carafe de vin rouge, se dirige vers la salle à manger, croise le serviteur qui a dressé le couvert et entre. Le Comte est attablé, en grande conversation avec son épouse. Ysilde esquisse une révérence, et sans prononcer une parole, sert le vin, pose la carafe et s'en retourne vivement vers les cuisines. Elle revient, chargée des entrées : le lapin et les pâtés, qu'elle pose au centre de la table.
Le Comte raconte sa chasse et Blanche l'écoute attentivement, les yeux brillants. Ysilde se recule légèrement pour se placer derrière la Comtesse et attend que celle-ci lui donne ses ordres.

Messages : 24 Date d'inscription : 08/09/2008 Localisation : Comté de Toulouse

Alors que le couvert est déposé devant eux depuis peu, Blanche détourne son attention en voyant entrer Ysilde. Sa Dame de compagnie s'applique mais ne semble pas à l'aise comparée aux autres serviteurs, qui eux exercent depuis des années. Soucieuse de ne pas trahir ses émotions, la Comtesse porte avec soin une petite serviette blanche afin de dissimuler un sourire naissant sur ses lèvres.

Le Comte, passionné par son propre récit ne prête pas une attention particulère à la personne venue les servir, se contentant de tendre son verre afin qu'on le lui remplisse et le repose devant lui. Enfin, celui ci en arrive au retour au château, et vu qu'il ne se passe ensuite rien de particulier dans sa journée il termine son récit et boit une gorgée de bon vin. Les deux nobles se servent alors dans les plats, tout est à leur goût et appaitissant, en bien trop grande quantité pour deux personnes bien qu'ils se servent chacun une assiette bien garnie, surtout Clotaire qui s'est dépensé à la chasse.

Vos talents de chasseur sont indiscutables mon cher époux, il me tarde de goûter à ce que vous nous avez ramené.
Ma journée n'a pas été vide non plus, bien que je n'ai terrassé nul cerf ! Pour tout vous dire j'ai décidé que comme toute Comtesse qui se respecte je me devais d'avoir une suivante, ainsi je ne vous ferais point honte.

Disant cela, elle fait un petit signe de main à Ysilde qui était resté à côté d'elle pour qu'elle s'avance.

Voici ma Dame de compagnie, Ysilde, que j'ai nommé ce jour même et fait installer au château. Elle me tiendra compagnie en votre absence et s'occupera de mon confort. J'espère que cela vous convient.

La jeune Comtesse affichait un sourire satisfait, elle avait prit sa première décision d'elle même.

Messages : 430 Date d'inscription : 29/02/2008 Localisation : Toulouse

L'assiette remplie, Clotaire s'apprêtait à l'entamer quand son épouse prit la parole. Il l'écouta à son tour puis observa avec plus d'attention qu'il ne l'avait fait précedement la femme qui se tenait derrière Blanche. Le Comte la jugea du regard des pieds à la tête, il était évident que sa femme ne s'était pas entourée d'une noble personne, ni d'une personne issue d'une riche famille, mais Ysilde n'avait pas non plus une image négative par rapport aux autres serviteurs du château.

Clotaire n'avait pas spécialement de raison pour s'opposer à la décision de sa femme, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal et si elle avait ses employées à elle et qu'elle les nommait elle même cela lui éviterait de s'en occuper. C'était toujours du temps de gagner. Il haussa donc les épaules.

Si vous pensez qu'elle saura se montrer digne de sa tâche et faire honneur à votre rang... je ne m'y oppose pas.

Le Comte commença à manger son assiette, imité alors par son épouse. Il porta brievement son regard sur Ysilde avant de lui adresser enfin la parole.

Et si vous vous présentiez, que je connaisse de vous un peu plus que votre prénom. Mon épouse n'a pas été très locace à votre égard en vous présentant à moi.
J'aime bien savoir qui m'entoure, que je sache aux mains de qui je laisse mon épouse.

Continuant de déguster son entrée, Clotaire attendit que la femme prenne la parole.

Citation :: Et si vous vous présentiez, que je connaisse de vous un peu plus que votre prénom. Mon épouse n'a pas été très locace à votre égard en vous présentant à moi.
J'aime bien savoir qui m'entoure, que je sache aux mains de qui je laisse mon épouse.

La question du Comte est ferme. Ysilde se doit d'y répondre promptement, même si elle est un peu intimidée. De sa réponse dépendra son maintien auprès de la Comtesse ... ou son renvoi. Elle en est certaine : le Comte n'est pas homme à plaisanter.
Elle s'éclaircit la voix, et regarde le châtelain franchement.

Je me nomme Ysilde et viens d'Albi. Je suis issue d'une famille de modestes et honnêtes paysans. J'ai reçu une éducation religieuse au couvent des Bénédictines, qui en échange de quelques menus travaux, m'apprirent à lire et à écrire, ainsi que la couture. Dès que j'ai été en âge de me débrouiller seule, elles me laissèrent le choix, prendre le voile ou retourner dans le monde. Ce que je fis, ma soif de connaître une vie plus libre étant la plus forte.
Je suis donc retournée quelques temps dans ma famille, mais celle-ci peinant déjà à se nourrir, je pris la décision de venir à Toulouse, où j'étais certaine de pouvoir me débrouiller seule. Hélas, malgré mon savoir et mes quelques talents de couturière, je n'ai trouvé personne qui voulut m'employer. C'est ainsi que je suis venue au Château proposer mes services.

Ayant parlé sans reprendre son souffle, tant était grande son appréhension face au Comte, Ysilde se tait. Elle se tord les mains, dans l'attente du verdict du seigneur. Celui-ci n'a pas levé son regard une seule fois vers elle, tout à son repas. Elle imagine, cependant, qu'il n'a pas perdu un mot de ceux qu'elle a prononcés.

Messages : 430 Date d'inscription : 29/02/2008 Localisation : Toulouse

Comme il s'en était douté en l'observant, la dame de compagnie de son épouse n'était pas issue d'une classe sociale elevée. En revanche il fut surpris, dans le bon sens, d'apprendre qu'elle savait lire et écrire. Au moins, si son rang n'était pas des plus remarquables elle avait un minimum d'éducation pour cotoyer les nobles, et surtout pour les servir. Ses talents de couturière, talents que ne possédaient pas Blanche, étaient aussi interessant. Ainsi donc, Ysilde saura se rendre utile en pratiquant des travaux manuels et saura s'instruire par la lecture afin de faire bonne figure auprès d'une Comtesse. De plus, l'éducation religieuse avait dû lui inculquer un savoir vivre décent. Il n'était pas question de laisser son épouse aux mains d'une inculte mal élevée.

Clotaire ne chercha pas à savoir comment sa femme en était arrivée à vouloir recruter cette personne, ni pourquoi. Il aurait bien voulu savoir son âge mais cela n'était qu'un détail. Il hocha légerement la tête d'avant en arrière quand Ysilde termina son discours, comme pour montrer sa satisfaction, ou en tout cas qu'il n'avait rien à redire à la décision de la Comtesse.

Le Comte avait fini de déguster les entrées et repoussa son assiette. Il reporta son attention sur son épouse.

Bien... vous êtes libre de vous entourer. Je concède que vous n'avez pas été très entourée depuis votre arrivée à Toulouse il fallait y remerdier vous m'avez devancé.

C'était sa façon de montrer son accord, et au passage de tenter de faire croire qu'il comptait trouver de la compagnie à sa Dame et qu'il s'était rendu compte de sa solitude.

Messages : 24 Date d'inscription : 08/09/2008 Localisation : Comté de Toulouse

Blanche avait écouté Ysilde raconter son histoire, bien plus interessée que son époux par le passé de celle qui allait l'accompagner. Il était vrai qu'elle n'avait pas encore pris la peine d'en savoir plus sur sa dame de compagnie.

Comme à son habitude, la Comtesse n'avait que très peu mangé et son entrée avait été vite avalée, contrairement à son époux qui mangeait deux à trois fois plus qu'elle. Le visage de Blanche était souriant, elle n'avait pas pensé un instant que Clotaire puisse renvoyer sa dame de compagnie, il cherchait seulement à montrer qu'il était le chef, c'était une des choses qui la séduisait d'ailleurs.

Elle lança un regard complice, le premier, à Ysilde quand le Comte reprit la parole pour indiquer de façon un peu detournée son accord. Elle savait qu'Ysilde avait encore beaucoup à prouver et surement à apprendre mais cela s'engageait bien. Il leur faudrait aussi se connaître un peu mieux, mais elles auront du temps pour cela.

Les journées sont longues en votre absence, il me fallait bien trouver une personne pour vous remplacer, quelqu'un à qui parler.

Le reproche restait dissimulé derrière son sourire de façade, dissimulé derrière une pointe d'humour dans le ton de sa voix.

En une fraction de seconde, Ysilde saisit le regard complice de la Comtesse. Elle imagine, après ce regard, qu'elle va bien s'entendre avec Blanche. Elle se garde, cependant, d'y répondre. Il sera temps, plus tard, lorsqu'elles seront seules, de dévoiler à la jeune fille, cette affection qu'elle sent monter pour elle. Mais, ceci, uniquement si Blanche y consent.

Voyant que le jeune couple a terminé les entrées, Ysilde sort discrètement de la salle à manger, se précipite vers les cuisines.

Elle revient, les mains chargées des plats de résistance. En débarrassant les assiettes, elle remarque au passage que la châtelaine a très peu mangé. Est-ce son tempérament, ou quelque chose la tracasse-t-elle ?
Ysilde prend note mentalement de ce fait, qui lui servira, ultérieurement, pour mieux servir la jeune fille.

Elle reprend sa place derrière Blanche.

Messages : 24 Date d'inscription : 08/09/2008 Localisation : Comté de Toulouse

La suite du repas arrive rapidement, toujours autant de choix dans les mets proposés. La viande provient du gibier rapporté par le Comte lors de ses chasses. Blanche s'en sert un morceau pour faire plaisir à son époux, accompagnant son assiette de quelques légumes mais toujours en petite quantité.

Le plat de résistance débute dans le silence, chacun concentré sur son assiette. Mais Blanche n'avait pas besoin de discuter, elle profitait de la présence de son époux à ses côtés. Elle l'observait discretement par moment, il était pensif comme d'habitude, surement en train d'élaborer un plan quelconque pour les affaires du Comté, ou ses affaires personnelles.

Une fois qu'elle eut fini de manger, elle repoussa son assiette devant elle et attendit que son époux finisse également.

Ce chevreuil était un régal.

La Comtesse pousse un petit soupir de contentement pour signifier qu'elle avait bien mangé, puis un court silence s'installe de nouveau avant qu'elle ne reprenne la parole.

Vous savez, je me suis procuré un nouvel ouvrage d'un auteur prometteur, fort plaisant à lire : Erec et Enide de Chrétien de Troyes. Je débute juste mais sa façon d'ecrire est interessante, très raffinée.
Vous devriez vous interesser un peu plus à ce genre de lecture, le fin'amor. Cela ne vous ferez pas de mal.

Blanche laissa filtrer un rire leger à l'encontre de son époux en disant cela.

Messages : 430 Date d'inscription : 29/02/2008 Localisation : Toulouse

[ouin le message d'Ysilde a disparu]

Vorace comme à son habitude, bien qu'il ne soit pas spécialement gros, le Comte se servit plusieurs fois en piochant dans des plats differents afin de gouter à presque tout.

Son épouse, qui elle avait fini, faisait passer le temps en discutant. Elle parlait beaucoup, son mari se contentant surtout d'écouter et de placer quelques phrases de temps en temps histoire d'entretenir la conversation. Sur ce point également ils étaient different, la Comtesse n'aimait pas les silences et avait toujours quelque chose à dire, le Comte au contraire aimait la solitude par moment afin de donner libre cour à ses pensées. Mais par respect pour se femme, il lui prêtait une oreille attentive lorsqu'elle lui parlait, surtout que cela ne se passait pas souvent étant donné qu'ils ne se croisaient que peu.

Lorsque Clotaire eut fini son assiette, les desserts furent apportés. Ils étaient toujours en quantité mais moindre que pour les entrées et les plats de résistance, et étaient assez léger. Cette fois ci, les deux époux se servirent la même chose et terminèrent leur assiette ensemble. Le repas était fini et le Comte n'aimait pas s'attarder. Il se leva et invita son épouse à faire de même et de le suivre dans leurs appartements privés.

Ils laissèrent là les déchets et les couverts, seul la Comtesse se retourna vers Ysilde pour lui sourire afin de la remercier de sa présence et de ne pas s'être fait rejetée.