L'ermite qu'il était venu ne s'intéressait plus tellement à la vie de la cité champenoise, tout juste se contentait-il d'aller se recueillir auprès du Seigneur, sa barbe en bataille et ses vêtements déchirés par endroits attestant mal du rôle qu'il put jouer dans la cité il y a de cela bien des mois. A quoi bon désormais se donner bonne contenance, la cité n'avait plus besoin de lui et la réciproque était aussi valable, du moins jusqu'en ce jour où des religieux vinrent déposer en l'église plusieurs villageois au teint blafard et aux côtes saillantes, ils ne devaient plus avoir vu de miches de pain ni quelconque victuaille depuis plusieurs jours. Intrigué, il demanda à un des religieux la raison de tout ceci, la réponse fut aussi brève qu'inquiétante "plus de pain", comment cela se fait-ce, la cité disposait de plusieurs talmeleries hormis la sienne. Dépité, il regagna le porche de la bâtisse, une odeur nauséabonde émanait de l'extérieur, la mort...
Sur le point de regagner sa demeure, il entendit plusieurs hommes le héler, se retournant il distingua ce qui semblait être un groupe de gardes.
Messire, oui, vous là, vous êtes bien talmenier ? Veuillez nous suivre, vous allez nous expliquer comment vous pouvez tous nous faire mourir de faim !
Ne demandant pas son reste, il repartit à grandes enjambées tandis que les gardes qui lui courraient après sous des jurons "pleutre", "lynchez-le, qu'il connaisse le même sort que mon fils !".